Deuxième mort du P.A. Foch

 

La deuxième mort du porte-avions « Foch »

Englué dans une crise économique et politique, le Brésil a annoncé qu’il allait désarmer le porte-avions que lui avait cédé la France en 2000.

A la casse ! Le vieux porte-avions Foch, devenu le Sao-Paulo quand il est passé sous pavillon de la marine brésilienne le 15 novembre 2000 après sa cession par la France, va être désarmé. L’annonce a été faite par la Marinha do Brasil, mardi 14 février.

En pleine crise économique et politique, le pays renonce à la coûteuse modernisation de son navire amiral. La priorité reste la construction de corvettes et d’une flotte de sous-marins – un contrat géant attribué à la France qui, officiellement, reste sanctuarisé.

Cette brutale décision scelle la deuxième mort du Foch, lancé en 1960. En 1986, l’écrivain Tom Clancy l’avait fait couler par une frappe soviétique, dans son roman Tempête rouge. En 1999, le conseil général du Var imaginait en faire un palais des congrès. Le Foch venait d’achever sa dernière mission. Depuis l’Adriatique, ses bombardiers avaient frappé 490 fois la Serbie, le Kosovo, le Monténégro. Cette fois, le navire va disparaître pour de bon de la scène, comme son jumeau le Clemenceau, démantelé en 2010.

Plan de modernisation extravagant

Les pilotes brésiliens de chasseurs Skyhawk ont bien commencé les appontages à l’été 2001. Mais depuis, le Sao-Paulo a passé plus de temps à quai qu’en opérations. Une première rénovation l’a immobilisé de 2005 à 2010. La vétusté de ses chaudières à mazout, l’absence de pièces détachées et une série d’accidents n’ont cessé de différer son retour à la mer. Depuis son rachat, le navire a subi six incendies, qui ont tué quatre marins.

« On n’apprend pas à se servir d’un porte-avions du jour au lendemain, il faut au moins une génération », commente Francis Sauve, président de l’Amicale des anciens du Foch et du Clemenceau, qui a servi sur ce dernier. En 2000, le jour où le Foch a été cédé, ce marin est monté à bord, à Brest. « J’ai compris qu’il n’irait pas loin en voyant son état général. La maintenance était trop importante. On aurait plutôt dû donner une deuxième vie au Clemenceau. »

Fin 2014, la marine brésilienne annonçait vouloir prolonger la vie du bateau jusqu’en 2039. Les amiraux ont fini par juger que le plan de modernisation envisagé, estimé à 300 millions d’euros, était extravagant.

Nathalie Guibert
Correspondante défense

Foch 1

Date de dernière mise à jour : 19/02/2017